Complications possibles de l'opération du LCA
Mise à jour le 22 avril 2024
Cette page vous présente les complications possibles de la chirurgie de reconstruction du ligament croisé antérieur (LCA). Certaines sont bénignes et importantes à connaitre (hématome, troubles sensitifs cutanés), car elles sont fréquentes.
J'insiste sur les "challenges" post opératoires que sont la récupération de l'extension et de la flexion, nécessitant l'engagement du ou de la patiente, dans son autorééducation.
Il est important que les patients envisageant une intervention chirurgicale, soient informés de ces challenges pour une meilleure prévention des complications.
Rappel des complications possibles si "non opéré"
Instabilité du genou
L'absence du ligament (LCA) risque d'entraîner une instabilité du genou, dans les réceptions de saut et les changements de direction; la répétition de ces incidents provoque des lésions méniscales et cartilagineuses.
Lésions méniscales
Ces lésions méniscales, si elles deviennent douloureuses, peuvent nécessiter un traitement :
- Une suture de la lésion, si l'âge du patient et l'état du ménisque le permettent : la cicatrisation biologique, si elle a lieu, permettra de "sauver le ménisque",
- Ou une méniscectomie partielle (la partie cassée du ménisque est enlevée)
Mais le ménisque est important pour la protection du cartilage, et cette méniscectomie favorise l'usure du cartilage.
C'est une chirurgie "fonctionnelle"
La reconstruction (ou ligamentoplastie) du ligament croisé antérieur du genou est une chirurgie fonctionnelle, qui vise à redonner la stabilité du genou lors des pivots et des réceptions de saut.
L'alternative à la chirurgie est de renoncer aux sports avec pivot et contact (foot, hand, etc.). Une vie quotidienne normale est possible sans ligament croisé antérieur. Natation, vélo et footing sont possibles.
La décision de l'intervention appartient essentiellement au patient ou à la patiente, guidée par l'information qui lui est donnée par le chirurgien sur les objectifs et les risques de l'opération.
Le risque de complications existe
Malgré les progrès actuels de la chirurgie, et en particulier de la chirurgie du genou, le risque de complications existe. Toute opération, si bénigne soit-elle, et quelles que soient les précautions prises, implique un risque, qui va de la complication minime à la complication majeure rarissime, y compris le décès.
Je comprends que l'énumération et la description de ces complications puisse être désagréable, mais en dehors du côté médico-légal, il est important que vous soyez au courant.
Les complications pendant l'opération
Elles sont exceptionnelles (0,01%) mais peuvent être graves avec un risque de séquelles : c'est le cas d'une blessure d'une artère importante du membre inférieur (artère poplitée), ou d'un nerf (en particulier le nerf sciatique poplité externe).
Complications fréquentes
Une perte de sensibilité cutanée
Souvent une petite zone cutanée peut être insensible, ou au contraire donner des fourmillements au toucher. Ces anomalies disparaissent en général complètement dans les mois qui suivent. Ces anomalies sont en rapport avec la section de rameaux nerveux lors de l'incision ou de leur traumatisme par les écarteurs.
La douleur post-opératoire
Ce n'est pas à proprement parler une complication, car elle reste habituellement tout à fait tolérable. L'amélioration des techniques chirurgicales (utilisation de l'arthroscopie, absence d'immobilisation post-opératoire, reprise précoce de la marche avec appui...) a rendu en effet cette intervention peu agressive. Vos douleurs seront prises en charge dès l'opération.
Le saignement post-opératoire :
- Toute intervention entraine un saignement, que favorise aussi le traitement anticoagulant pour la prévention des phlébites.
Hématome lié au prélèvement de la greffe
- L'hématome au niveau du prélèvement de la greffe (derrière la cuisse) est quasi-systématique.
- Vous le ressentirez d'ailleurs à l'arrière de votre cuisse en position assise, si la chaise appuie à son niveau.
- Il se traduit habituellement par l'apparition d'ecchymoses, de "bleus" sur la peau derrière la cuisse et le genou qui descendent ensuite sous la peau, jusqu'à la cheville.
- Ces bleus peuvent être douloureux vers le 4-8 ème jour post-opératoire, rendant difficiles les exercices de rééducation.
- Le traitement de la douleur, avec les médicaments prescrits, permet de continuer les exercices d'autorééducation; il ne faut pas hésiter à me téléphoner si besoin, bien sûr!
- Ces zones colorées, liées à la transformation des pigments de l'hémoglobine sanguine, disparaissent spontanément plus ou moins complètement en quelques semaines. Il y a un petit risque de persistance de coloration dans les plis.
L'hémarthrose (épanchement de sang dans l'articulation)
- Ce gonflement, banal le plus souvent, peut être plus important, et douloureux car sous tension; Le glacage et l'utilisation de la genouillère réfrigérante prescrite peut s'avérer décisive ici, en associant froid et compression.
- Rarement, si la douleur est aigue, et pour permettre la reprise des exercices de rééducation, cette hémarthrose peut nécessiter le lavage du genou au bloc opératoire, sous anesthésie. L'amélioration des douleurs est rapide.
La raideur post-opératoire
La perte de l'extension (flessum)
Vous pourrez voir combien j'insiste +++ sur la récupération de votre extension : il vous faudra marcher le genou en extension complète, la jambe raide, dès le soir de l'opération. Et vous y arriverez facilement, grâce à votre engagement, en travaillant votre quadriceps par de petits exercices toute la journée... Sans attelle évidemment.
Limitation de la flexion
Elle ne doit pas devenir un problème, si vous faites vos exercices et me tenez au courant au fur et à mesure, en cas de difficulté.
Elle se traduit par une stagnation de la flexion, alors qu'elle devrait s'améliorer, petit à petit.
La flexion se "travaille" par un "lâcher prise", "je laisse mon genou se plier en le tirant vers moi, en laissant glisser mon talon sur le drap".
L'utilisation de la piscine, à partir de la troisième semaine postopératoire, est un atout formidable, magique, pour laisser son genou plier (exercice du pédalo sur le dos avec une "frite" sous les bras).
Risque d'adhérences
Il est évident qu'une flexion, qui ne progresse pas depuis une semaine, est un motif pour me téléphoner +++. Cette absence de progression peut entrainer la formation d'adhérences, souples au début, puis plus résistantes après 5-6 semaines. Elles entrainent une sensation de blocage, mais elles vont rendre le travail de la flexion douloureuse.
Qu'est-ce qu'une mobilisation du genou ?
Une mobilisation du genou est un geste très court (3 minutes), qui consiste à plier doucement votre genou, sous anesthésie.
Ce geste, réalisé entre 6 et 10 semaines post-opératoires, si la flexion ne dépasse pas les 90-100° environ, permet de reprendre l'auto-rééducation et de récupérer une flexion de 130° en général.
Il faut donc me joindre au téléphone, si votre flexion stagne. +++.
Complications rares mais potentiellement plus graves
La phlébite (<0,13%) :
C'est la formation d'un caillot dans une veine, qui peut parfois se produire en dépit du traitement anticoagulant préventif systématique, associé au port de bas de contention. Cette complication entraîne elle-même un risque de survenue d'une complication qui peut être grave : l'embolie pulmonaire (0,003%).
L'algo-dystrophie (<0,01%)
Très rare, si vous vous engagez dans vos exercices postopératoires.
Elle se caractérise par une raideur plux ou moins précoce, accompagnée de douleurs et d'oedème qui touchent aussi cheville et pied. Les causes de cette complication sont inconnues. L'évolution vers la guérison est souvent longue (plusieurs mois).
Ce syndrome neuro-algo-dystrophique peut laisser des séquelles, à type de raideur ou de douleurs. Il est en général pris en charge par un médecin spécialisé dans le traitement de la douleur.
L'infection.(<0,01%)
L'infection constitue le risque de toute opération. Au niveau du genou, c'est un complication rare, mais grave. Elle peut être précoce, plus rarement tardive. La surveillance au cours des premières semaines qui suivent l'intervention permet de la dépister devant la survenue de douleurs, de fièvre, d'un gonflement du genou, d'un écoulement au niveau de la cicatrice.
Il importe d'identifier le microbe responsable avant de mettre en route un traitement antibiotique adapté (six semaines ou plus).
Si une infection du genou est confirmée, elle sera traitée dans un premier temps par votre chirurgien qui se mettra en rapport avec des collègues spécialisés dans la gestion des infections (service d'infectiologie de l'hopital de la Croix st Simon). Si l'évolution n'est pas rapidement satisfaisante, votre chirurgien vous fera prendre en charge dans un service spécialisé hospitalier associant un service d'orthopédie et un service de bactériologie ( Hopital de la Croix st Simon).
Risques particuliers à l'âge :
Le risque de ne pas retrouver sa flexion complète est de plus en plus fréquent si l'âge augmente : il est notable que vers 50 ans et plus il existe souvent une limitation de la flexion vers 120- 130° après l'opération, ce qui n'entraine pas de conséquences importantes, mais mieux vaut en être conscient lors de sa prise de décision.
Les séquelles possibles
Les douleurs.
En dehors même de toute algo-dystrophie ou autre complication, une intervention du genou peut laisser des douleurs résiduelles dont la cause n'est pas toujours facile à détecter
La raideur
C'est un risque pour toute intervention sur le genou. Elle se traduit par une limitation de la flexion ou/et de l'extension du genou. Elle est le plus souvent due à des adhérences qui se forment à l'intérieur de l'articulation. Elle peut nécessiter une éventuelle mobilisation sous anesthésie au début, ou plus tard, une "arthrolyse" (libération des adhérences, intervention qui peut être effectuée sous arthroscopie).
Complications cutanées.
La cicatrice peut rester douloureuse, ou peut s'accompagner de petites zones douloureuses (névrome). Des zones insensibles, ou douloureuses au toucher, peuvent persister sur la jambe à distance des cicatrices, nous l'avons vu.
Les séquelles des complications citées ci-dessus...
Résultats de la chirurgie
Un résultat ne peut être garanti à 100% et le risque de résultat incomplet est toujours possible.
Ce résultat insuffisant peut avoir plusieurs raisons :
- Echec de l'intervention lorsqu'elle ne réussit pas à atteindre son but : récidive de l'instabilité du genou sans nouvel accident.
- Survenue à distance d'arthrose : ce risque existe surtout lorsqu'il existait déjà avant l'intervention (instabilité importante, évoluant depuis longtemps, avec des lésions associées en particulier méniscales)
- Survenue de complications, que nous avons décrites, et qui viennent limiter le résultat obtenu.
Cette longue énumération des complications
Ne doit pas faire oublier que la réparation chirurgicale du ligament croisé antérieur est une intervention aux suites habituellement remarquablement simples et qui atteint dans la grande majorité des cas son but : récupérer un genou stable qui permette la reprise de toutes les activité sportives.
Indication opératoire si rupture du LCA