Auto-rééducation du genou

Si vous boitez, verrouillez votre genou !

Mise à jour le 31 août 2025 – Rédigé par le Dr J. E. Perraudin, chirurgien orthopédiste.

Qu’est-ce que boiter ?

Boiter, c'est éviter de prendre appui sur son pied à cause de la douleur.
Boiter, c’est éviter de prendre appui sur le pied.

Éviter de prendre appui sur son pied : c’est boiter.

Qu’est-ce que verrouiller le genou ?

Prendre appui sur le pied en maintenant le genou verrouillé par la contraction du quadriceps.
Le quadriceps verrouille le genou pour un appui stable.

L’objectif est de verrouiller son genou (tenir l’extension) et de marcher jambe raide en appuyant.

Pourquoi boitons-nous ?

Douleur, sensation d’instabilité ou de dérobement, peur d’aggraver, peur d’appuyer…

Boiter pour éviter l’appui n’est pas la bonne solution

Cercle vicieux

Boiter aggrave vos douleurs et vous fait perdre vos muscles, favorisant des dérobements.

Boiter aggrave les douleurs

L’expérience montre qu’en boitant genou plié, en évitant l’appui, apparaissent des douleurs antérieures autour de la rotule (devant le genou). Ces douleurs poussent à éviter encore plus l’appui, ce qui entraîne une perte musculaire qui augmente à son tour la boiterie…

Boiter, c’est encore pire après une opération !

Dès le réveil de votre opération (ligament ou prothèse), l’objectif doit être de verrouiller votre genou pour appuyer sur votre jambe.

La solution

Avantages de marcher raide, verrouillé

Moins de douleur

Marcher en verrouillant le genou permet un appui complet sur le pied, plus confiant, souvent moins douloureux.

Un appui solide

Vous empêchez le genou de plier et de se dérober vers l’avant.

Difficultés

L’apprentissage peut être difficile au début. Il est important de traiter vos douleurs, de faire plein de « coussins » et de « sans coussin ».

Parfois vous pouvez avoir la sensation douloureuse que le genou part derrière… c’est parce qu’il n’est pas bien verrouillé. Bloquez-le en arrière et il ne bougera plus. Accrochez-vous !

Apprendre à verrouiller le genou

Il faut d’abord traiter les douleurs

Prenez les médicaments (paracétamol, anti-inflammatoire, etc.) prescrits par votre médecin, en fonction de l’intensité de la douleur.

Le gonflement nécessite glaçage. Marcher « tendu » peut aussi aider votre genou à dégonfler.

Puis commencez les exercices simples

Faites un maximum d’exercices (avec et sans coussin), pour réveiller et stimuler vos muscles.

Vous devez reprendre le contrôle de votre genou.

Comment faire en pratique ?

Après avoir fait quelques « coussins » et « sans coussin »…

Le premier temps

  • D’abord, posez votre pied à plat devant vous : il ne bouge plus.
  • Puis contractez votre quadriceps pour que votre genou aille vers l’arrière (écrase-coussin sans coussin).
  • L’idée est de tenir votre genou bloqué vers l’arrière en contractant le quadriceps.

Si vous avez l’impression que votre genou « flotte », verrouillez-le justement : il ne bougera plus.

Premier temps : poser le pied puis verrouiller le genou avant de mettre le poids.
Poser le pied, verrouiller, puis seulement avancer le poids.

Avancez votre poids maintenant

  • Avancez le poids de votre bassin sur votre pied,
  • en empêchant votre genou de plier,
  • sans passer le pas pour le moment,
  • stabilisez-vous,
  • puis repartez en arrière… et recommencez.
Appui sur le pied avec genou verrouillé pendant l'avancée du bassin.
Le bassin avance au-dessus du pied, genou verrouillé.

Pour passer le pas

Prendre appui avec le genou verrouillé : bassin centré au-dessus du pied.
Appui stable : bassin centré au-dessus du pied.
Appui sur le pied avec genou verrouillé par contraction du quadriceps.
Quadriceps contracté = genou verrouillé.

Allez-y !

Pour avancer l’autre jambe, mettez bien votre poids sur le côté verrouillé en avançant le bassin : l’autre pied devient « léger », vous pouvez le soulever et passer le pas, doucement vers l’avant.

En centrant le bassin sur le pied en appui, l'autre pied devient léger et peut avancer.
Quand le bassin se centre sur le pied blessé, l’autre pied devient léger.

L’autre jambe devient légère : vous pouvez la soulever, puis passer le pas.

Appui correct : genou verrouillé, posture stable.
Appui correct : verrouillage et stabilité.

Et recommencez

Maintenant que vous tenez votre genou verrouillé en extension, gardez-le bloqué et avancez l’autre jambe pour le pas suivant.

Une fois cette technique acquise, vous prenez confiance, vous marchez plus, vous travaillez le muscle à chaque pas, le genou dégonfle, la douleur baisse… c’est un cercle vertueux !

Marchez ainsi « verrouillé » quelque temps : la marche normale revient ensuite automatiquement.

Une fois le genou verrouillé

À chaque instant

Marchez avec la volonté de verrouiller le genou en permanence, par la contraction du quadriceps : genou tendu, jambe raide.

Le genou ne plie pas, ne bouge pas, car vous le tenez.

Que des avantages

Vous pouvez prendre appui sur le pied avec peu ou pas de douleur. Vous vous sentez plus solide, plus en sécurité.

Après une opération, lorsque le verrouillage est bien acquis, vous pouvez souvent vous débarrasser des béquilles à la maison.

Reprendre progressivement

Petit à petit, vous reprenez vos activités en continuant à marcher verrouillé. Le genou se repose et retrouve ses automatismes.

Combien de temps dois-je marcher le genou verrouillé ?

Vous pouvez marcher ainsi quelques jours ou semaines : vous n’abîmez rien, et la marche normale revient spontanément.

Vouloir marcher « normalement » est souvent difficile car la marche se fait de façon automatique. Il est donc plus simple de marcher genou tendu le temps nécessaire, puis de laisser le corps retrouver ses automatismes.

Petit à petit, vous sentez que le genou redevient fluide, vous autorisant une marche normale.

Après une opération

Cette autorééducation est fondamentale dès la fin de l’opération. Marcher raide vous aide à sécuriser l’appui en postopératoire.

Après une arthroscopie ou une ligamentoplastie

L’autorééducation peut suffire pour retrouver une vie quotidienne normale en 4–6 semaines, si vous êtes motivé.

Après la pose d’une prothèse de genou

L’autorééducation reste essentielle

Bien effectuer votre autorééducation reste essentiel, mais il est important d’être accompagné par un kinésithérapeute.

Quelle est la durée idéale ?

La durée suffisante est celle qui vous permet de marcher normalement, d'avoir une bonne extension et d'avoir retrouvé la flexion préopératoire. La rééducation doit rester indolore.

Intérêt de la piscine

Une fois le genou parfaitement cicatrisé, le travail en piscine (petit bain) peut accélérer l'évolution. Au début, entraînez-vous à marcher genou bien verrouillé. Ensuite, quand vous le sentez, alternez marche « tendue » et marche « normale ».

Vous pouvez aussi prendre une frite sous les bras, faire des battements souples, et pédaler doucement pour améliorer votre flexion.

Vous verrez que marcher raide demande un effort volontaire, tandis que pour marcher normalement, il faut « lâcher prise » et avancer vers un point sans trop réfléchir. L’idéal est d’alterner marche raide / marche normale.

Auto-rééducation en piscine

Questions fréquentes

Dois-je forcer malgré la douleur ?

Non. L’idée est de retrouver un appui progressif et sécurisé. Si la douleur est importante, commencez par la traiter (prescription médicale, glaçage, repos relatif) puis reprenez par petites étapes.

Est-ce dangereux de marcher jambe raide ?

Marcher genou verrouillé vise surtout à restaurer un appui stable et à recruter le quadriceps.

Quand puis-je lâcher les béquilles après une opération ?

Quand l’appui devient solide en verrouillant bien le genou, beaucoup de patients peuvent abandonner les béquilles à domicile. Les consignes exactes dépendent toutefois du geste réalisé : suivez le protocole de votre chirurgien.