Diagnostic de la rupture du ligament croisé antérieur
Page mise à jour le 23 décembre 2025. Rédigée par le Dr J. E. Perraudin, chirurgien orthopédiste spécialisé dans le genou.
Son diagnostic repose sur l'examen clinique par la recherche du signe de « Lachman ». Il est réalisable même dans l'urgence, après l'accident.
La présence de ce signe de Lachman affirme la rupture totale du ligament.
L'IRM permet de confirmer le diagnostic, de préciser son caractère récent par la présence des contusions osseuses, et de préciser l'état des ménisques et des autres ligaments.
L'IRM peut aussi parler de rupture partielle . C'est ici que l'examen clinique du genou prend toute sa valeur.
Le test de Lachman
Le genou est en légère flexion de 30°, éventuellement posé sur le genou de l'examinateur. La main gauche maintient la cuisse et la main droite cherche à tirer (tiroir) le tibia vers l'avant (flèche) en comparant les deux côtés. Une absence de mobilité vers l'avant (ou petite mobilité avec arrêt dur) va dans le sens d'un ligament croisé antérieur intact.
Tandis qu'un tiroir, une mobilité, un petit « jeu » avec arrêt mou signe la présence d'un Lachman et donc la rupture complète du ligament croisé antérieur.
En pratique sportive
L'examen clinique peut être difficile
Si l'examen est souvent évocateur dans les minutes qui suivent l'accident, il peut devenir difficile dans les jours qui suivent à cause de la douleur et du gonflement.
Obtenir une IRM peut être difficile
Une IRM rapide, souvent possible, affirme le diagnostic. Mais parfois le délai peut être long.
Il ne faut pas passer à côté d'une rupture du LCA !
Un nouvel examen clinique quelques jours après est souvent beaucoup plus parlant et confirme le diagnostic.
Autres tests cliniques
Ces tests sont utilisés à froid, à distance de l'accident, sur un genou indolore.
Le tiroir antérieur
Le tiroir antérieur, lorsqu'il est présent, témoigne le plus souvent d'une rupture ancienne.
Le pivot-shift
Le test du « pivot-shift » consiste à rechercher un petit ressaut en manipulant le genou en torsion, tout en le pliant.
Sa présence fait discuter le rajout d'une plastie extra-articulaire, appelée ténodèse externe ou plastie de Lemaire, à la plastie intra-articulaire programmée.
La radio peut montrer une fracture de Segond
Cette fracture de Segond ne nécessite aucun traitement et ne doit pas vous freiner dans vos exercices… c'est la rupture associée du LCA qui pose problème.
IRM
IRM : LCA normal
La rupture est-elle récente ?
L'IRM apporte aussi la preuve d'une instabilité récente par la présence de la contusion.
Lors de la rupture du ligament croisé antérieur, le tibia part en avant et le fémur « tombe » sur l'arrière du tibia, provoquant une contusion osseuse bien visible sur l'IRM
C'est la raison pour laquelle il faut opérer un genou s'il est instable, car la répétition des épisodes d'instabilité aggrave le pronostic méniscal et cartilagineux +++.
Lachman radiologique ou Télos
Le Télos est une radio dynamique de profil. Il s'agit de mesurer, sur une radio de profil, l'avancée éventuelle du plateau tibial par rapport au fémur : le genou est positionné sur une machine permettant d'exercer une poussée du tibia vers l'avant.
Télos (LCA sain)
Si le patient ne ressent pas bien la différence entre ses deux genoux, ou si le chirurgien le souhaite, il est possible de mesurer radiologiquement ce tiroir. Ce testing radio est appelé « Télos ».
Télos (LCA rompu)
L'avancée du tibia est mesurée en mm. Une différence de 7–8 mm entre les deux côtés est en faveur d'une rupture du ligament croisé antérieur.
Le GNRB
Pour être complet, citons l'examen appelé le GNRB, dérivé du KT-1000, qui permet une mesure manuelle du tiroir, précise et reproductible.
Ce test est particulièrement intéressant pour les études cliniques, pour tester le résultat de telle ou telle technique.
Il me semble inutile au quotidien pour le patient.
Qu'est-ce qu'une rupture partielle ?
On peut rencontrer :
- Une distension ligamentaire sans interruption de la continuité des fibres.
- Ou la rupture d'un seul faisceau du ligament croisé (AM ou PL)sur l'IRM.
Une rupture partielle du LCA peut être suspectée sur l'IRM :
Le radiologue, en analysant les clichés de l'IRM, peut évoquer une rupture partielle du LCA :
- S'il est au courant du contexte d'une entorse récente,
- Si le ligament ne semble pas normal, épaissi mais pas franchement rompu (s'il existe un doute),
- S'il n'existe qu'une petite contusion osseuse tibiale postéro-externe, pouvant témoigner d'une instabilité récente, sans anomalie nette du LCA,
- Ou s'il existe une contusion ou même une lésion verticale nette de la corne postérieure du ménisque interne, très évocatrice d'une rupture du LCA…
En bref, il persiste un doute sur une atteinte du ligament croisé antérieur, et il parlera de lésion partielle, en proposant de prendre un avis orthopédique.
Que faire en pratique ?
La première chose à faire est d'examiner le genou (ou de le ré-examiner). Si le Lachman est net, mou, et ressenti par le ou la patiente, la rupture doit être considérée comme complète.
Si le doute persiste malgré l'IRM, il est justifié de réaliser un Télos.
Une rupture partielle du LCA peut aussi être évoquée lors de l'examen clinique
Quand, après une torsion du genou, la clinique ne montre qu'un petit Lachman, dit « retardé à arrêt dur », et une ébauche de ressaut, on peut suspecter une rupture partielle.
L'IRM est nécessaire pour visualiser l'état du ligament.
Une mesure du Lachman en radiologie (Télos) peut confirmer un petit Lachman (5–8 mm de différence entre les deux côtés).
La question se pose alors de la solidité de ce ligament partiellement rompu, en particulier lorsqu'il s'agit de reprendre un sport à pivot-contact, comme le foot.
C'est dans ce cas qu'il existe encore aujourd'hui une indication de ténodèse externe (ou d'opération de Lemaire) isolée, qui limitera la rotation interne et stabilisera le genou.
En conclusion
Questions fréquentes
Comment diagnostique-t-on une rupture du ligament croisé antérieur (LCA) ?
Le diagnostic repose d’abord sur l’examen clinique du genou, en recherchant surtout le test de Lachman. Une IRM confirme ensuite la rupture, précise si la lésion est récente (contusions osseuses) et recherche des lésions associées (ménisques, autres ligaments).
À quoi sert le test de Lachman ?
Le test de Lachman recherche un tiroir antérieur du tibia à environ 30° de flexion. Normalement, le patient ressent un arrêt net dur lors de la manoeuvre. Un tiroir avec un « arrêt mou » signe un Lachman positif et évoque évoque une rupture complète du LCA.
Pourquoi l’IRM est-elle utile dans une suspicion de rupture du LCA ?
L’IRM confirme la rupture du LCA, apprécie son caractère récent (contusion osseuse typique) et fait le bilan des lésions associées : ménisques, cartilage, autres ligaments.
Peut-on rater le diagnostic juste après l’accident ?
Oui. Les jours suivant l’entorse, la douleur et le gonflement peuvent rendre l’examen clinique difficile. Un ré-examen quelques jours plus tard et une IRM permettent de confirmer le diagnostic.
Qu’est-ce que le pivot-shift et quand l’utilise-t-on ?
Le pivot-shift recherche un ressaut en rotation lors de la flexion du genou. Il se pratique plutôt « à froid » sur un genou indolore, à distance de l’accident. Il est spécifique d’une rupture du LCA et peut reproduire la sensation d’instabilité. Il est aussi recherché lors du testing sous anesthésie avant l'opération. S'il est net, il peut justifier l'adjonction d'une plastie de Lemaire.
Une radiographie peut-elle évoquer une rupture du LCA ?
Oui. Une fracture de Segond (petit arrachement osseux) peut être visible sur la radio et témoigne indirectement d’une torsion du genou, souvent associée à une rupture du LCA, confirmée ensuite par l’examen clinique et l’IRM.
Qu’est-ce que le Télos (Lachman radiologique) ?
Le Télos est une radiographie dynamique comparative de profil qui mesure l’avancée du tibia par rapport au fémur sous contrainte. Une différence d’environ 7–8 mm entre les deux genoux est en faveur d’une rupture du LCA.
Qu’appelle-t-on rupture partielle du LCA ?
On peut parler de rupture partielle en cas de distension sans rupture franche (atteinte IRM sans lachman), ou si un seul faisceau semble atteint sur l’IRM. En pratique, c’est surtout l’examen clinique qui guide : si le Lachman est net et « mou », la rupture doit être considérée comme complète.
Faut-il reprendre un sport à pivot si une rupture du LCA n’est pas écartée ?
Non. Si le mécanisme est évocateur (torsion, craquement, gonflement), il faut considérer le LCA comme atteint et ne pas autoriser la reprise d’un sport à pivot tant que la rupture n’a pas été écartée (notamment par une IRM).
Docteur J. E. Perraudin, chirurgien orthopédiste.