Que penser de l'amortisseur en piston pour le genou ?

Page écrite le 31 Octobre 2022

J'insiste sur le fait que cet amortisseur de genou est en cours d'expérimentation par un chirurgien aux USA. Un journaliste francais en a parlé à la radio un matin, en octobre 2022, sur Europe 1.
Depuis, beaucoup de patients ou de patientes, via le site ou en consultation, s'interrogent sur ce nouveau produit, encore expérimental...
L'objet de cet article est donc de faire le point sur la courte étude publiée oralement lors d'un congrès à Boston, en 2022 sur le sujet.

Beaucoup de patients(es), sur le site ou en consultation, demandent un avis sur un nouveau produit, encore expérimental... dont un journaliste a récemment parlé à la radio un matin sur Europe .

La recherche est intense pour trouver des traitements de l'arthrose, en particulier du genou.

Mais il faut rester très prudent sur les nouveaux traitements, dont on peut entendre parler dans les médias.

Le but de cet article est de vous faire comprendre qu'il ne suffit pas d'imaginer un dispositif pour que celui-ci puisse être posé chez l'être humain.

Une idée

Une idée, innovante certes, mais juste une idée pour le moment : intercaler un ressort, un piston, entre le tibia et le fémur, pour amortir la pression sur les os, qui pourrait donc soulager les douleurs, lorsque le cartilage est usé (arthrose).

Testée par une entreprise

L'amortisseur implantable MISHA Knee System, a été développé par l'entreprise Moximed basée en Californie. Un chirurgien est en train de faire un étude expérimentale sur ce dispositif.

Son principe

C'est un dispositif médical expérimental, destiné à être posé sur le côté du genou, sous la peau, lors d'une intervention chirurgicale, au bloc opératoire.

Il s'agit donc d'une opération chirurgicale avec ses risques et une rééducation post opératoire (comme une prothèse).

Misha est présenté comme un amortisseur contre l'arthrose, un absorbeur de choc.

Technique chirurgicale simple a priori,
mais...

Selon l'article, "Une incision cutanée sur la face interne du genou, permet la pose de l'implant. Il serait fixé par des vis de part et d'autre de l'articulation, sur le fémur et sur le tibia. Il est posé sur le côté de l'articulation, extra-articulaire, entre les os et la peau.

Notons qu'entre la peau et les os, sur la face interne du genou, il n'existe pas beaucoup de place pour insérer quoique ce soit !

Premiers essais cliniques

Les premiers essais cliniques sur l'être humain, ont débuté, semble-t'il d'après l'article, il y a trois ans, à l'Ohio State University Wexner Medical Center.

Ces essais sont proposés à des patients dont le genou est handicapant malgré les autres traitements médicaux.

Notez qu'il faut d'abord obtenir leur accord éclairé sur la possibilité d'échec et de complications de ce nouveau matériel.

Une étude sur les 81 premiers cas a été présentée en septembre, lors d'un congrès aux USA.

Mais pour le moment il est dangereux de "conseiller" d'essayer cette technique : très peu de patients, aucun recul, etc.

La FDA

La Food and Drug Administration (FDA) américaine doit donner son accord pour la poursuite des essais cliniques et sur une "éventuelle" mise sur le marché. Plusieurs années vont s'écouler avant...

Pourquoi est-ce si long ?

Une intervention chirurgicale a pour but d'apporter un bénéfice au patient : diminuer les douleurs, améliorer sa mobilité,... Ce bénéfice doit être comparé aux risques encourus par le patient, subissant cette opération.

Bénéfices/risques

Toute intervention chirurgicale présente aussi des risques, infectieux en particulier, mais aussi mécaniques; les premières poses permettent de tester la solidité de l'implant, sa résistance, son fonctionnement dans la durée, l'absence de complications mécaniques (blocages, usure).

Mais quels sont les risques encourus ? Tous les risques habituels de la chirurgie auxquels s'ajoutent ceux liés à l'implant en question, qui ne sont pas connus, puisqu'en cours d'étude...

Acceptabilité

Il faut ensuite évaluer l'acceptabilité du rapport bénéfice/risques avant de mettre le matériel sur le marché, c'est-à-dire de donner l'autorisation aux chirurgiens de pouvoir l'utiliser.

En France, c'est l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui doit donner son accord pour la mise sur le marché de ce type d'implants.

En conclusion

Ce n'est donc qu'une idée de recherche, parmi d'autres.

Pour les annés à venir, le traitement de l'arthrose du genou, handicapante malgré le traitement médical, repose sur la pose d'une prothèse, qui donne de bons résultats dans plus de 90% des cas.

Dr Perraudin

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