Reprise des prothèses de genou
Il arrive qu’une prothèse de genou reste douloureuse, raide ou instable. Dans certains cas, une reprise de prothèse (changement partiel ou complet des implants) peut être envisagée après un bilan précis. Cette page vous explique les principales causes de reprise, la durée de vie des prothèses et les particularités de ces interventions plus complexes.
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Mise à jour le 4 décembre 2025
Rédigé par le
docteur J. E. Perraudin,
Chirurgien orthopédiste, spécialiste du genou
Des symptômes persistants après la pose d'une prothèse de genou peuvent pousser le ou la patiente à demander un nouvel avis.
Nous avons vu que 82,3 % des prothèses de genou étaient toujours en place (donc non reprises) au bout de 25 ans dans une étude publiée dans le Lancet à partir de registres nationaux de chirurgie (299 291 PTG)[1].
Une prothèse du genou peut rester douloureuse, le genou opéré peut être raide ou instable : rechercher une anomalie mécanique qui expliquerait les symptômes ressentis peut permettre d'envisager une reprise. La recherche se fait par des examens complémentaires : scintigraphie osseuse, radiographies et scanner suffisent le plus souvent.
Causes de reprise d'une prothèse du genou ?
Pour une anomalie dans la pose des pièces
Il est logique de rechercher s'il existe des anomalies de taille ou de positionnement des pièces, qui pourraient expliquer les symptômes.
Suite à une complication
- Descellement d'une pièce de la prothèse ;
- Enfoncement d'une pièce dans l'os ;
- Rupture ligamentaire ;
- Instabilité entre les pièces ;
- Fracture autour de la prothèse (fémur ou tibia) ;
- Infection, toujours recherchée ;
- Beaucoup plus rarement, une allergie aux matériaux de la prothèse (exceptionnelle) ;
- Etc.
Suite à l'usure du temps
- Usure du polyéthylène en particulier (rare dans la pratique, ou liée à une malposition des pièces).
Les prothèses de genou sont de plus en plus posées (environ 100 000 par an en France). Le fait qu'une reprise chirurgicale soit possible en cas de malposition ou de complication peut être rassurant. Les fabricants ont développé des prothèses spécifiques de reprise.
La durée de vie d'une prothèse de genou
La durée de vie moyenne d'une prothèse totale de genou est d'environ 20 ans, et probablement plus. La durée de vie d'une prothèse uni-compartimentale est nettement plus courte (environ 10 ans en moyenne).
Qu'est-ce que la “survie” d'une prothèse ?
C'est le pourcentage de prothèses non ré-opérées, non changées, au bout d'une période donnée : par exemple 82 % de survie à 25 ans pour une prothèse totale.
Facteurs influençant la survie
Le type d'utilisation
Le type d'utilisation de la prothèse joue évidemment un rôle.
L’âge
Un patient de 50 ans utilisera beaucoup plus son nouveau genou qu'un senior de 75 ans, et risque donc davantage de l'user.
Le poids
Le poids influence logiquement l'usure de la prothèse.
Le type de prothèse
La petite prothèse, dite uni-compartimentale, a plus de risque de se desceller après 10–15 ans que la prothèse totale, d'autant qu'elle est souvent posée chez un sujet plus jeune.
Les reprises de prothèses de genou : de grands progrès techniques
Les prothèses de reprise permettent de gérer des situations beaucoup plus complexes : stabilisation des pièces par une charnière, reconstruction osseuse par greffe ou par manchons en métal, tiges prothétiques de longueur variable, etc.
La possibilité de reprise rassure
Les progrès dans la reprise des prothèses permettent de prendre plus facilement la décision de se faire opérer quand le moment est venu.
Opérer un peu plus tôt permet d’éviter de voir en consultation des patients avec des genoux très déformés, souffrant et boitant depuis de trop longues années.
De plus, certains de ces genoux qui ont trop attendu posent des problèmes de reconstruction qui rejoignent ceux rencontrés lors d'une reprise.
Exemple de reprise de prothèse
Ci-dessous, vous pouvez voir la radio d'une prothèse partielle interne, 12 ans après la pose, avec enfoncement de la pièce tibiale dans le tibia (flèche rouge) et la radio de la prothèse de reprise avec une longue tige.
Particularités postopératoires après une reprise de prothèse totale de genou
Antibiothérapie péri-opératoire
- Soit la même que pour une prothèse de première intention, avec dose adaptée au poids ;
- Soit plus spécifique, si un germe a été identifié dans le bilan préopératoire.
Des prélèvements à visée bactériologique sont systématiquement réalisés sur des fragments d'os et de tissus : si des germes poussent, ils seront identifiés et testés vis-à-vis des antibiotiques (antibiogramme) et le traitement sera instauré ou adapté. Il sera souvent poursuivi plusieurs semaines, avec une phase initiale par voie intraveineuse.
Port d'une attelle
La pose d'une attelle postopératoire est fréquente si la reprise a comporté une reconstruction osseuse.
La rééducation après reprise
Elle suit les mêmes principes que pour une prothèse de première intention, associant autorééducation et rééducation avec des kinésithérapeutes : améliorer la fonction sans rendre le genou douloureux.
La rééducation est souvent plus longue, car il faut protéger certaines structures fragilisées.
Elle se déroule le plus souvent en centre de rééducation spécialisé dans le suivi de ce type d'opération.
Complications des reprises de prothèse de genou
On retrouve d’abord les complications classiques des prothèses de genou.
Complications spécifiques liées à la reprise
Problèmes cutanés
Le genou est souvent multi-cicatriciel, avec un risque de nécrose cutanée en cas de mauvaise vascularisation locale.
Perte de substance osseuse
Elle peut nécessiter l'utilisation de greffes d'os ou d’une prothèse modulaire, qui s'adapte par l'ajout de petites plaques métalliques ou de manchons.
Problèmes ligamentaires
L'état des ligaments collatéraux interne et externe (rompus ou distendus) peut imposer l'utilisation d'une prothèse à charnière, où les deux éléments prothétiques sont liés par un axe.
Risque infectieux augmenté
Le risque d'infection est toujours plus important sur des genoux déjà opérés.
Bilan infectieux global soigneux
Il faut rechercher d'éventuels foyers infectieux (dentaires, urinaires, etc.) et optimiser les facteurs de risque (équilibration d'un diabète, arrêt du tabac…).
Recherche d'une infection sur la prothèse en place
Une infection chronique peut être à l'origine de l'usure ou du descellement de la prothèse initiale. Un bilan précis du genou est donc indispensable avant la reprise : bilan biologique, imagerie, et examen bactériologique du liquide articulaire. Cela permet de cibler le traitement antibiotique (avant, pendant et après l'opération).
Les grandes bases de données (registres nationaux) montrent aussi que lorsqu’une prothèse doit être reprise, chaque nouvelle reprise a, en moyenne, une durée de vie plus courte que la précédente, en particulier chez les patients plus jeunes[2].
En conclusion, même si le taux de reprise reste faible, il est important de savoir que ce sera possible, si nécessaire.
Références
-
Evans JT, Walker RW, Evans JP, Blom AW, Sayers A, Whitehouse MR.
How long does a knee replacement last? A systematic review and meta-analysis of case series
and national registry reports with more than 15 years of follow-up.
Lancet. 2019;393(10172):655–663.
DOI : 10.1016/S0140-6736(18)32531-5 – PubMed : 30782341 ↩ Retour au texte -
Deere KC, Whitehouse MR, Kunutsor SK, Sayers AE, Price AJ, Mason J, Blom AW.
How long do revised and multiply revised knee replacements last? A retrospective observational
study of the National Joint Registry.
Lancet Rheumatology. 2021;3(6):e438–e446.
DOI : 10.1016/S2665-9913(21)00079-5 – PubMed : 35043097 ↩ Retour au texte