L’instabilité est surtout un problème de stabilité rotatoire (notamment dans les changements de direction), en rapport avec un problème ligamentaire et donc parfois chirurgical. À l’inverse, un dérobement est plus souvent lié à une faiblesse du quadriceps : on peut alors améliorer la fonction du genou par l’auto-rééducation.
Qu’est-ce que le dérobement ?
Le dérobement, c’est un genou qui fléchit, flotte, lâche, est faible lors de la marche, avec le sentiment que le membre inférieur ne porte plus le corps. À chaque instant, pour se tenir debout, les muscles extenseurs (quadriceps) et fléchisseurs (ischio-jambiers) se coordonnent pour maintenir le genou immobile : il s’agit d’un équilibre musculaire.
Signes associés
- Douleur souvent devant le genou, autour de la rotule.
- Pas de gonflement en général.
Souvent plus fréquent après
- Avoir fait des efforts (vélo, piscine…).
- Être resté longtemps assis.
- Le matin au réveil.
- Lors de la descente d’un escalier.
- Si le terrain est en descente.
Causes du dérobement
- Le dérobement est lié à l’absence de contraction du quadriceps, ce qui entraîne une flexion du genou.
- Ce lâchage peut être “réflexe” suite à une douleur, ou simplement lié à une faiblesse du quadriceps, à un déséquilibre entre quadriceps et ischios.
- Plus rarement, c’est la présence d’un “corps étranger” (fragment de ménisque ou de cartilage…) qui vient se coincer entre fémur et tibia.
Trois situations proches
- Soit le genou lâche complètement… le genou touche le sol ou le tape…
- Soit le genou donne l’impression de flotter, de partir un peu en avant, de fléchir, avec sensation de faiblesse, de perte de force.
- Soit il commence par lâcher, partir en avant, mais votre cerveau (l’ordinateur) oblige le quadriceps à se contracter de façon réflexe, brutale : vous avez alors la sensation désagréable que le genou “s’effondre” vers l’arrière, avec une douleur devant le genou (rotule), liée à la contraction brutale du muscle.
Évolution
Dans ces trois cas, ce dérangement interne entraîne la peur de tomber, une perte de confiance dans son genou, voire une marche avec le genou fléchi (boiterie). Marcher le genou “verrouillé” permet souvent de reprendre confiance dans l’appui et protège contre le risque de chute.
Qu’est-ce que l’instabilité ?
L’instabilité a quelque chose de différent par rapport aux dérobements : elle survient en pivotant, en prenant appui pour changer de direction, ou lors d’un saut (à la réception). Elle est souvent consécutive à un accident de sport (football, handball, ski…).
Signes associés
- Un craquement peut s’entendre ou être ressenti.
- La douleur est là…
- Le genou gonfle souvent après un épisode d’instabilité, parfois très vite (douleur +++), ou le soir, ou le lendemain.
Trois situations principales
Lors d’une entorse grave
Avec rupture d’un ou plusieurs ligaments.
Instabilité dans les suites de cette entorse
Elle survient quelques temps après l’entorse initiale, lors d’une nouvelle prise d’appui avec pivot, surtout si le patient n’était pas informé de la rupture (ou IRM douteuse).
Après une luxation de la rotule
Après un premier épisode, le risque de récidive est plus ou moins important selon la violence du traumatisme et les anomalies (ou dysplasies) constatées.
Évolution
- Aggravation progressive de l’instabilité si le sport à pivot est repris parce que le diagnostic n’a pas été fait.
- À court terme, le risque est aussi la survenue d’une appréhension, qui fait progressivement arrêter le sport préféré : « j’ai tout arrêté, mais j’ai une vie quotidienne normale ».
Instabilité ou dérobement ?
Faire la part des choses entre l’instabilité et les dérobements est important. Une sensation de genou “faible”, fatigué, qui lâche ou pourrait lâcher, évoque plutôt un dérobement. Une appréhension à prendre appui pour changer brusquement de direction, alors que la marche est normale, évoque plutôt une instabilité. L’examen du genou permet d’orienter le diagnostic, confirmé par une IRM.
En pratique
Après un incident (dérobement ou instabilité), surtout si le genou a gonflé, il est important de faire un bilan précis pour savoir à quoi s’en tenir.
Un genou qui se dérobe peut être un signe d'inhibition musculaire secondaire au gonflement et à la douleur; il faut rechercher une AMI
Faire le diagnostic d’une rupture du ligament croisé antérieur ou d’une luxation de rotule, par l’examen clinique et une IRM, est essentiel pour éviter une instabilité qui entraînera de nouveaux accidents et de nouvelles lésions.
Les outils à votre disposition
Pour l’instabilité ligamentaire
- La rééducation dite “proprioceptive” pour travailler ses appuis et reprendre confiance.
- La chirurgie pour stabiliser le genou en cas d’instabilité rotulienne récidivante ou si le ligament croisé antérieur est rompu.
Pour les dérobements
S’occuper de son genou (exercices simples, progressifs) aide à reprendre confiance. Marcher le genou verrouillé peut protéger temporairement contre le risque de chute. La marche fluide, “normale”, reviendra automatiquement dès que le genou ira mieux.
Notez enfin que, dans les suites à court terme d’une entorse ou d’une intervention, alors que le genou a gonflé et que le quadriceps a perdu de sa force, il est possible de ressentir une sensation de dérobement… liée au déséquilibre musculaire.
Dr J. E. Perraudin
Questions fréquentes
Mon genou “lâche” : est-ce forcément le LCA ?
Non. Un “genou qui lâche” peut être aussi un dérobement (faiblesse du quadriceps, douleur antérieure, fatigue). La rupture du LCA peut entra^ner une instabilité souvent lors d’un pivot/appui/saut. L’examen clinique oriente, et l’IRM confirme.
Le gonflement du genou est-il un signe important ?
Oui. Un gonflement après un traumatisme, un accident, (rapidement, ou le soir/le lendemain) fait davantage évoquer une lésion intra-articulaire et justifie un bilan plus rapide. Vous pouvez aussi lire : Genou gonflé.
Que faire si je pense à un dérobement ?
En l’absence de gonflement, de torsion, on peut souvent débuter des exercices simples. Pour une approche guidée : Autorééducation.
Quand dois-je consulter rapidement ?
L'association torsion, douleur, gonflement, doit faire consulter pour éliminer ou confirmer une lésion ligamentaire : Ligament croisé antérieur, avant de reprendre le sport.
Autres pages sur les symptômes du genou
Références (repères)
- Pour comprendre l’entorse et le rôle du LCA (page dédiée, niveau patient) : Ligament croisé antérieur. ↩
- Pour une approche pratique des symptômes du genou (douleur, gonflement, blocage, instabilité) : Symptômes fréquents du genou. ↩
- Si la sensation est surtout une faiblesse / dérobement : exercices simples et progressifs : Autorééducation du genou douloureux. ↩
Ces références servent de repères pratiques et de liens internes vers des pages plus détaillées (niveau patient).