Douleurs du genou : analyse, solutions rapides et autorééducation

Site rédigé par le Dr J.E. Perraudin — mise à jour le 7 septembre 2025.

La douleur peut être récente ou ancienne.

Dans les deux cas, le traitement de la douleur associe médicaments et exercices pour gérer le genou.

Cette page répond à vos questions les plus fréquentes : comment analyser votre douleur, quels médicaments prendre et surtout comment gérer votre genou avec quels exercices simples d’autorééducation.

Si l'évolution traine, il est bien sûr logique d'approfondir, de consulter et de réaliser des examens complémentaires, cela ne doit pas vous empêcher de gérer votre genou au plus vite.

Analyser sa douleur : les bonnes questions

1) Où avez-vous mal ?

  • Devant (autour/sous la rotule), derrière, côté interne/externe ?
  • Localisable avec un doigt… ou plutôt diffuse/variable ?
  • Irradiations devant la cuisse ou vers la jambe ?

2) Comment a commencé la douleur ?

  • Brutal (incident, torsion, faux mouvement) ?
  • Progressif après un changement de rythme (augmentation/diminution d’activité, déménagement, escaliers, reprise sportive) ?
  • Petit à petit, sans incident net.

3) Quand survient-elle ?

  • À l’appui, en marchant (mécanique) ? Au repos, la nuit, le matin (dérouillage) ?
  • Pendant le sport ou plutôt après le sport, au repos?

4) Depuis quand ? Quelle est son évolution ?

Analyser vos symptômes vous permet de prendre du recul, et aide à orienter votre prise en charge lors de la consultation.

Vous pouvez retrouver la façon dont sont décrites les douleurs dites rotuliennes, les plus fréquentes.

Premiers gestes utiles (crise douloureuse)

Glacer correctement

10–15 minutes, 3–4 fois/jour, toujours avec un tissu protecteur entre la peau et la glace (risque de brûlure au contact direct). Poche de froid, petits pois congelés, ou genouillère avec packs de froid.

Genouillère : oui, souple et à votre taille !

Modèle en tissu élastique, ouverture rotulienne, non serrée. Elle ne doit pas bloquer le genou.

Portez-la si elle vous soulage.

Médicaments (toujours respecter avis et contre-indications)

  • Antalgiques simples : paracétamol 500 à la demande, toutes les 3-4 heures sans dépasser 6 par jour (3 g par 24H),
  • Antinflammatoire (AINS) (Ibuprofène 400 sans ordonnance)
    • En alternant avec le doliprane 500 ou en l'associant, en respectant les doses
  • Kétoprofène, si votre médecin vous l'a prescrit
    • Plutôt un le soir, après le repas,
    • Arrêt dès amélioration des douleurs
    • Une prise ponctuelle un soir peut suffire, si amélioration le lendemain.
    • A éviter en cas d’antécédents de brulures d'estomac ou de reflux : voyez avec votre médecin.
  • Adapter les prises à l’intensité de la douleur et à la gêne (boiterie).

Marcher « genou verrouillé »

Évitez de boiter genou fléchi. Marchez en bloquant votre genou en contractant le quadriceps («genou verrouillé») pour limiter la douleur, sécuriser l’appui, reposer le genou et entretenir le quadriceps.

Que faire si je boite à cause de mon genou ?

Exercices simples, tout de suite

  • Écrase-coussin (avec et sans coussin) : contractions isométriques du quadriceps (10 secondes), séries courtes et fréquentes +++.
  • L'écrase-coussin "sans coussin" peut être douloureux : traitez la douleur et accrochez vous; il faut arriver à verrouiller votre genou.

Autorééducation guidée

Objectifs

  • Reprendre le contrôle du genou, corriger la boiterie « fléchie » en verrouillant le genou, diminuer la douleur.
  • Renforcer le quadriceps, étirer les ischio-jambiers, améliorer l’endurance.

Étirements (quotidiens)

  • Ischio-jambiers (+++), mollets, chaîne antérieure (tendon quadricipital) selon tolérance.
  • Brève routine quotidienne : 1–3 minutes par groupe musculaire, sans forcer la douleur.

Renforcement doux

  • Isométrique du quadriceps : (écrase-coussin avec et sans coussin, 10 sec, à faire d'autant plus que le genou vous fait boiter. (100...200 par jour)
  • Proprioception simple (appui unipodal stable) quand la douleur diminue.

Cardio « rotule-friendly »

  • Vélo d’appartement assis, sans résistance ; progression graduelle (jamais en danseuse).
  • Natation : plutôt battements de crawl sans les bras;

Genouillère

Choisissez la bonne taille (confort avant tout).

À surveiller

Si la douleur persiste ou s’aggrave

Ou si la crise ne cède pas, ou si vous êtes inquiet(e), consultez votre médecin traitant pour :

  • Examen clinique,
  • Prescription d'un complément de médicaments,
  • Prescription d'une radio et ou une IRM pour en rechercher l'origine.

Les causes fréquentes de douleur du genou

Le plus souvent, c'est une douleur rotulienne,

Parfois, une languette méniscale

Rarement, le ménisque peut se rompre, et le morceau "cassé", appelé "languette méniscale" est mobile, et peut venir s'interposer entre les os.

Un incident est très souvent à son origine (lors d'une flexion forcée, ou en se relevant d'une position accroupie, par exemple) et la douleur est nette, souvent à l'appui, soulagée par le repos, parfois nocturne, souvent avec un petit gonflement du genou. Le traitement consiste en l'ablation simple de la languette sous arthroscopie. Chez les jeunes, peut se poser l'indication d'une suture méniscale.

Notez que la fissure isolée, sans languette, ne s'opère pas.

(Première) crise d'arthrose

Douleur, gonflement, raideur, boiterie en sont les symptomes.

La radio debout de face permet de déceler un pincement articulaire : c'est la définition de l'arthrose. Prise en charge par le rhumatologue.

Une fracture de fatigue

Cela correspond à une overdose d'effort, entrainant la souffrance de l'os (oedème osseux sur l'irm, sans vraie fracture sur la radio). Son traitement repose sur le repos, voire la décharge (marche avec cannes), et la prise en charge par un médecin du sport ou un rhumatologue.

La douleur rotulienne, la plus fréquente

La douleur antérieure, péri-rotulienne, est la la plus fréquente des douleurs de genou. Elle apparait après un choc sur le genou ou surtout après un changement de rythme

Autres noms possibles : syndrome rotulien, syndrome fémoropatellaire, syndrome de friction fémoro-patellaire,...

  • Localisée autour de la rotule, ou sous la rotule,
  • Elle est liée au cartilage de la rotule,
  • Elle peut survenir à tout âge, et sur un cartilage normal ou abimé (chondropathies sur l'IRM).
  • L’intensité des douleurs est variable.

Le Diagnostic est clinique avant tout

  • Basé sur vos symptômes et l’examen clinique.
  • Imagerie (IRM) si la douleur traîne, pour Eliminer un autre problème (languette méniscale).
  • Notez que l’échographie du genou a peu d’intérêt pour le genou.

Traitement : jamais de chirurgie pour le syndrome rotulien

  • Associer antalgie + autorééducation.
  • Si insuffisant : avis médecin du sport ou rhumatologue près de chez vous (infiltration corticoïde pour crise, et/ou visco-supplémentation).

Une IRM peut découvrir une petite fissure méniscale banale sans rapport avec la douleur ; seules les lésions mobiles (languette/anse de seau) sont chirurgicales.

FAQ

Que faire immédiatement pour soulager un genou douloureux ?

Glace protégée 10–15 min, porter une genouillère souple, non serrée, antalgiques adaptés, marcher genou verrouillé si boiterie, exercices isométriques simples.

Quand faut-il consulter ?

Si la douleur persiste ou s'aggrave malgré les mesures initiales, en cas de boiterie marquée, de blocage, de dérobements répétés, de fièvre, gonflement important, ou d'impossibilité de prendre appui.

Qu'est-ce qu'une douleur rotulienne ?

La douleur antérieure (devant le genou) autour ou sous la rotule, apparue souvent après un changement de rythme. Le traitement est non chirurgical : antalgiques, auto-rééducation, reprogrammation du quadriceps, étirements ischio-jambiers.

Dois-je arrêter tout sport ?

Non. Reprenez doucement, progressivement, une activité non douloureuse pour votre genou : vélo assis sans résistance, natation (crawl/dos); essayez la genouillère

La genouillère est-elle utile ?

Oui si elle soulage et ne bloque pas le genou. Modèle souple, ouverture rotulienne, bien ajustée.

Douleur importante de la rotule, mais IRM normale ?

Oui, le syndrome rotulien peut exister avec IRM normale, en particulier chez les jeunes.

Les infiltrations sont-elles systématiques ?

Non. Elles ne se discutent qu’en cas d’échec des mesures simples et l’absence d’indication chirurgicale. Options : corticoïdes pour crise, acide hyaluronique pour douleurs liées au cartilage.

Infiltrations (corticoides, acide hyaluronique, PRP) : quand y penser ?

En seconde intention, avec votre rhumatologue, si la douleur persiste malgré les mesures simples, s’il n’y a pas d’indication chirurgicale.