Une douleur récente ou ancienne
La douleur du genou (ou gonalgie) est fréquente. Elle peut survenir après un accident, un faux mouvement, un changement de rythme ou progressivement, sans facteur déclenchant évident.
Si une simple gêne peut être tolérée, une vraie douleur – surtout lorsqu’elle s’accompagne de boiterie – inquiète et pousse logiquement à consulter.
Dans tous les cas, le traitement associe médicaments et exercices simples à faire chez soi pour mieux gérer votre genou.
Cette page répond à vos questions les plus fréquentes : comment analyser votre douleur, quels médicaments utiliser, et surtout quels exercices d’autorééducation mettre en place.
Analyser sa douleur : les bonnes questions
1) Où avez-vous mal ?
- Devant (autour ou sous la rotule), derrière, côté interne ou externe ?
- Douleur précise, localisable avec un doigt, ou plutôt diffuse ?
- Éventuelles irradiations vers la cuisse ou la jambe ?
2) Comment a commencé la douleur ?
- Brutalement (incident, torsion, faux mouvement) ?
- Progressivement après un changement de rythme (augmentation ou baisse d’activité, déménagement, escaliers, reprise sportive) ?
- Petit à petit, sans facteur clairement identifié ?
3) Quand survient-elle ?
- À l’appui, en marchant (douleur plutôt mécanique) ?
- Au repos, la nuit, le matin au lever (dérouillage) ?
- Pendant le sport ou surtout après, au repos ?
4) Depuis quand et comment évolue-t-elle ?
- Depuis quelques jours, semaines ou plusieurs mois ?
- Stable, en amélioration, ou au contraire en aggravation progressive ?
Prendre quelques minutes pour analyser vos symptômes vous aide à prendre du recul et facilite l’échange lors de la consultation.
Exemple de description des douleurs dites « rotuliennes », les plus fréquentesQue faire devant un genou douloureux ?
Glacer correctement
10 à 15 minutes, 3 à 4 fois par jour, toujours avec un tissu protecteur entre la peau et la glace (le contact direct peut brûler la peau). Poche de froid, petits pois congelés, ou genouillère avec packs de froid sont possibles.
Attention à protéger votre peau : le contact direct de la glace brûle la peau !
Genouillère : oui, souple et à votre taille
Une genouillère en tissu élastique, avec une ouverture pour la rotule, qui ne bloque pas la mobilité, peut aider à se sentir mieux. Elle ne doit pas être trop serrée. L’important est de vous sentir bien dedans.
Médicaments (en respectant avis médical et contre-indications)
- Antalgiques simples : paracétamol 500 mg à la demande, toutes les 3–4 heures, sans dépasser 6 comprimés par 24 h (3 g).
- Anti-inflammatoires (ibuprofène 400 mg, etc.) : à éviter en cas d’antécédents d’ulcère ou de reflux ; sinon, prise ponctuelle de préférence le soir après le repas, et arrêt dès amélioration.
- Kétoprofène si prescrit par votre médecin, en respectant strictement la posologie.
- Adapter les prises à l’intensité de la douleur et à la gêne (boiterie, limitation).
Exercices simples, tout de suite
- Écrase-coussin (avec et sans coussin) : contractions isométriques du quadriceps (10 secondes), en séries courtes et fréquentes.
- L’« écrase-coussin sans coussin » peut être douloureux au début : il faut traiter la douleur, persévérer pour verrouiller le genou.
Marcher « genou verrouillé »
Évitez de boiter avec le genou fléchi. Verrouillez votre genou en contractant le quadriceps et marcher la jambe raide, pour limiter la douleur, sécuriser l’appui et entretenir votre quadriceps.
Après un temps de marche verrouillée, le genou retrouvera ses automatismes et vous sentirez que vous pouvez marcher normalement.
Ensuite
La piscine
Dès que vous pouvez marcher le genou verrouillé, vous pouvez essayer d'aller marcher dans le petit bassin, et faire quelques exercices simples.
Vélo d'appartement si possible
Vélo d’appartement assis, sans résistance, jamais en danseuse.
Quelques séances de rééducation
Pour les personnes plus agées : si vous rencontrez des difficultés à réaliser les exercices ou à marcher le genou verrouillé, le kinésithérapeute peut vous accompagner dans votre autorééducation; il faut éviter tout mouvement douloureux.
À noter
- Si le genou se dérobe : privilégier la marche genou verrouillé, et s’aider de la rampe dans les escaliers.
- Blocages douloureux transitoires : en parler à votre médecin, surtout si les blocages se répètent.
Quand et qui consulter pour un genou douloureux
Si la douleur persiste ou s’aggrave malgré les médicaments et les exercices, ou si vous êtes inquiet(e), il est logique de consulter votre médecin traitant pour :
- faire un examen clinique complet du genou,
- ajuster les traitements médicamenteux,
- prescrire des examens complémentaires (radios, IRM) pour préciser le diagnostic.
En fonction des résultats, votre médecin pourra vous orienter vers un chirurgien, un rhumatologue ou un médecin du sport.
Quel examen faire pour un genou douloureux ?
Les radios
La radio permettra de faire le point sur une éventuelle arthrose (pincement d'un interligne) si vous avez 55 ans ou plus, ou si vous avez des antécédents traumatiques sur votre genou.
IRM
L'IRM est essentielle pour préciser le diagnostic si les douleurs sont apparues lors d'un incident (ou accident de sport) pour rechercher une lésion traumatique, méniscale ou ligamentaire.
L'échographie
Ne présente pas grand intérêt en général : souvent le compte rendu se termine par le conseil de faire une IRM...
Les causes fréquentes de douleur du genou
Très souvent : une douleur rotulienne
C’est la situation la plus fréquente : une douleur dite « rotulienne », liée au cartilage de la rotule.
Parfois : une languette méniscale
Rarement, le ménisque peut se rompre et un fragment mobile (« languette méniscale ») peut venir s’interposer entre les os.
Un incident est souvent à l’origine des symptômes (flexion forcée, relevé d’une position accroupie). La douleur est nette, souvent à l’appui, avec parfois un petit gonflement du genou. Le traitement consiste alors à retirer la languette sous arthroscopie. Voir la page dédiée sur les lésions du ménisque.
Notez que la fissure méniscale isolée, sans languette, ne s’opère pas en règle générale.
Première crise d’arthrose
Douleur, gonflement, raideur, boiterie peuvent annoncer une première crise d’arthrose.
La radiographie debout de face met en évidence un pincement de l’interligne articulaire, ce qui signe l’arthrose. La prise en charge par un rhumatologue est logique car il peut vous aider avec des infiltrations.
Fracture de fatigue
Les termes de fracture de fatigue correspondent à une image IRM apparue suite à une « overdose d’efforts », entraînant une souffrance de l’os (œdème osseux à l’IRM), sans fracture visible à la radiographie.
Le traitement repose sur le repos, parfois la décharge partielle (cannes), et un suivi par un médecin du sport ou un rhumatologue.
Voir aussi
Voir aussi :
La douleur rotulienne, la plus fréquente
La douleur antérieure, autour ou sous la rotule, est la cause la plus fréquente de douleur de genou. Elle apparaît souvent progressivement après un changement de rythme (nouvelle activité, entraînement trop intense, déménagement…).
On parle de syndrome rotulien, de syndrome fémoro-patellaire ou encore de syndrome de friction fémoro-patellaire.
- Douleur difficile à localiser, plutôt « devant », « dans » le genou.
- Liée au cartilage de la rotule, sur cartilage normal ou déjà abîmé.
- Possible à tout âge.
-
Douleur déclenchée ou augmentée :
- au repos après l’effort,
- en position assise prolongée,
- en se relevant d’une position assise,
- le matin au réveil,
- ou parfois en « coup de couteau » en marchant.
- Sensations possibles de blocages douloureux ou de dérobements.
- Le genou est souvent sec, sans gros gonflement : il peut sembler « rouillé ».
Diagnostic
- Il est basé sur l'analyse de vos symptômes et l’examen clinique.
- Une IRM peut être réalisée pour éliminer une autre cause (languette méniscale…).
Notez que l'IRM peut découvrir une petite fissure méniscale banale dégénérative, liée au temps qui passe, indolore, sans rapport avec vos douleurs du moment : seules les lésions mobiles (languette ou anse de seau) sont chirurgicales.
Traitement des douleurs
En premier lieu
Médicaments, exercices, verrouiller son genou
Le traitement est médical et repose :
- Sur l'arrêt au moins temporaire des activités douloureuses,
- Sur la prise d'antalgiques adaptés,
- Sur les programmes d’autorééducation pour reprendre le contrôle de son genou,
- Puis, la crise passée, reprise très progressive des activités préférées, en ajustant avec la prise de médicaments si besoin.
Faut-il faire des infiltrations ?
Si les douleurs reviennent et empêchent la reprise d'une vie quotidienne normale ou la reprise d'une activité : avis d’un médecin du sport ou d’un rhumatologue, avec examens complémentaires. Se discuteront alors des infiltrations de corticoïdes (en cas de crise) ou visco-supplémentation (acide hyaluronique), voire un PRP..
Infiltration de corticoïdes ?
Ces médecins pourront, si la crise ne cède pas, vous proposer une infiltration de corticoïdes qui diminuera vos douleurs en quelques jours, ce qui vous permettra de reprendre vos exercices, le contrôle de votre genou en marchant la jambe raide (si vous boitiez) et de laisser passer l’orage.
Acide hyaluronique (visco-supplémentation) ?
Pour les douleurs chroniques liées au cartilage, il semble logique d’essayer des injections d’acide hyaluronique dans le genou.[1]
Il s’agit d’injecter dans le genou une sorte de gel constitué d’acide hyaluronique. Ce produit agit comme un « lubrifiant » pour le cartilage : injection unique (ou parfois trois injections à une semaine d’intervalle) dont l’effet apparaît après 6-8 semaines et peut durer plusieurs mois.
Il est très difficile d'évaluer l'effet objectif de tel ou tel produit sur la douleur. Il est variable, même chez un patient donné. [2]
Aucun produit n'a démontré son efficacité sur la qualité ou la quantité de cartilage; il ne s'agit que d'un traitement des symptomes liés à l'usure du cartilage (chondropathies ou arthrose).
Et l’injection de PRP ?
Le PRP est un concentré de plaquettes préparé à partir de votre sang : prélèvement de quelques millilitres, centrifugation, puis injection dans l’articulation du genou.
Le PRP présente un potentiel intéressant (meilleur à moyen terme que AH dans certaines analyses) mais demeure limité par l’hétérogénéité des essais et l’absence de standardisation.[3]
Il semble inutile de commencer par le PRP : c’est plus compliqué, pas forcément plus efficace que l’acide hyaluronique et beaucoup plus cher.
Il peut être intéressant d'essayer le PRP chez un patient qui ne souhaite pas se faire opérer, et chez qui la viscosupplémentation n’a plus d’effet. Votre rhumatologue est le mieux placé pour vous conseiller. Il peut même vous proposer d'essayer d'associer PRP et acide Hyaluronique...[4]
Mentionnons la modestie des effets, la variabilité, le coût, et le fait que ce n’est pas une alternative à la chirurgie dans les cas avancés (mais peut être une option dans les stades précoces/modérés).[5]
Et la chirurgie pour les douleurs du genou ?
Pour que la chirurgie soit efficace, il faut une cause mécanique, à réparer ou enlever : Elle ne concerne en pratique que la languette méniscale (et son ablation sous arthroscopie) ou l'arthrose évoluée (prothèse de genou).
- Si la radio du genou montre un pincement net entre fémur et tibia (arthrose évoluée),
- Si votre handicap augmente malgré le traitement médical,
- Si votre périmètre de marche diminue,
- Si les escaliers deviennent trop difficiles,
Renseignez vous sur la pose d'une prothèse de genou.
La prothèse de genou améliore la majorité des patients : beaucoup disent, après l’opération, qu’ils auraient préféré ne pas attendre aussi longtemps.
Questions fréquentes sur le genou douloureux
Que faire immédiatement pour soulager un genou douloureux ?
Glace protégée 10–15 minutes, plusieurs fois par jour, port d’une genouillère souple non serrée si elle soulage, antalgiques adaptés à l’intensité de la douleur, marche genou verrouillé si vous boitez, et exercices isométriques simples (type écrase-coussin).
Quand faut-il consulter ?
Si la douleur persiste ou s’aggrave malgré les mesures initiales, en cas de boiterie marquée, de blocage, de dérobements répétés, de fièvre, de gonflement important ou d’impossibilité de prendre appui, il faut consulter.
Dois-je arrêter tout sport ?
Non, il ne faut pas forcément tout arrêter. Adaptez votre activité et privilégiez ce qui n’est pas douloureux pour votre genou : vélo assis sans résistance, natation (crawl/dos), en évitant les mouvements qui déclenchent ou aggravent les douleurs.
La genouillère est-elle utile ?
Oui, si elle ne bloque pas la mobilité du genou et si elle vous soulage. Choisissez un modèle souple, avec ouverture rotulienne, à la bonne taille.
Qu’est-ce qu’une douleur rotulienne ?
C’est une douleur située devant le genou, autour ou sous la rotule, souvent apparue après un changement de rythme. Le traitement repose sur les médicaments, l’autorééducation et parfois des infiltrations, mais pas sur la chirurgie.
Les infiltrations sont-elles systématiques ?
Non. Elles ne sont proposées qu’en cas d’échec des mesures simples (médicaments, exercices, adaptation des activités) et en l’absence d’indication opératoire. Elles sont discutées avec un rhumatologue ou un médecin du sport.
Infiltrations (corticoïdes, acide hyaluronique, PRP) : quand y penser ?
En seconde intention, avec votre rhumatologue, si la douleur persiste et reste handicapante malgré les mesures simples. Le PRP est en général envisagé après l’acide hyaluronique, chez certains patients motivés, en tenant compte du coût et des bénéfices attendus.
On m’a posé une attelle : faut-il la garder ?
Une attelle qui bloque le genou peut être utile aux urgences, dans les premières heures, mais elle doit être enlevée dès que possible, après avis d’un spécialiste qui confirmera ou non son intérêt.
Une genouillère ne pose pas de problème si elle ne bloque pas la mobilité du genou.
Ne restez pas immobilisé longtemps sous prétexte d’attendre un rendez-vous d’IRM ou de spécialiste : si besoin, cherchez un avis plus rapide près de chez vous.
Peut-on traiter une douleur du genou avant d’en connaître la cause ?
Oui, il est logique de traiter la douleur si elle a des conséquences pratiques (boiterie, arrêt du sport ou des activités) sans attendre tous les examens.
En revanche, il semble logique d’interrompre l’activité physique qui est à l’origine des douleurs ou qui les aggrave (y compris certains exercices de kinésithérapie).
Si la douleur reste handicapante malgré le traitement, que faire ?
Un examen clinique permettra d’évaluer le genou et d’évoquer plusieurs causes possibles. Des examens complémentaires (radios, IRM) seront prescrits.
Il reste logique de continuer à traiter la douleur pendant ce bilan, mais sans repousser indéfiniment la consultation spécialisée.
Références
- Glinkowski WM. Intra-Articular Hyaluronic Acid for Knee Osteoarthritis: A Literature Review. J Clin Med. 2025;14(4):1272. DOI : 10.3390/jcm14041272. ↩
- Migliorini F, Driessen A, Quack V, Sippel N, Cooper B, Mansy Y-E, et al. Intra-articular hyaluronic acid injections may be beneficial in less advanced knee osteoarthritis: systematic review of RCTs. Sports Med. 2025. DOI : 10.1007/s40279-025-02265-8. ↩
- Oeding JF, Varady NH, Fearington FW, Pareek A, Strickland SM, Nwachukwu BU, et al. Platelet-Rich Plasma Versus Alternative Injections for Osteoarthritis of the Knee: A Systematic Review and Statistical Fragility Index-Based Meta-analysis of RCTs. Am J Sports Med. 2024;52(12):3147-3160. DOI : 10.1177/03635465231224463. PubMed : 38420745. ↩
- Du D, et al. PRP + HA versus PRP alone in knee osteoarthritis: a meta-analysis and systematic review. J Orthop Surg Res. 2025. DOI : 10.1186/s13018-024-05429-w. ↩
- Yi L, Qiu F, Song H, Huang H, Zhang G. Platelet-rich plasma injections for knee osteoarthritis: an overview of systematic reviews. Front Physiol. 2025;10. DOI : 10.3389/fphys.2025.1598514. ↩