Docteur Jean Etienne Perraudin

Douleurs du genou : analyse, solutions rapides et autorééducation

Site rédigé par le Dr J.E. Perraudin — mise à jour le 26 août 2025.

La douleur peut être récente ou ancienne.

Dans les deux cas, le traitement de la douleur associe médicaments et exercices pour gérer le genou.

Cette page répond à vos questions les plus fréquentes : comment analyser votre douleur, quels médicaments prendre et surtout comment gérer votre genou avec quels exercices simples d’autorééducation.

Si l'évolution traine, il est bien sûr logique d'approfondir, de consulter et de réaliser des examens complémentaires, cela ne doit pas vous empêcher de gérer votre genou au plus vite.

Analyser sa douleur : les bonnes questions

1) Où avez-vous mal ?

  • Devant (autour/sous la rotule), derrière, côté interne/externe ?
  • Localisable avec un doigt… ou plutôt diffuse/variable ?
  • Irradiations devant la cuisse ou vers la jambe ?

2) Comment a commencé la douleur ?

  • Brutal (incident, torsion, faux mouvement) ?
  • Progressif après un changement de rythme (augmentation/diminution d’activité, déménagement, escaliers, reprise sportive) ?
  • Petit à petit, sans incident net.

3) Quand survient-elle ?

  • À l’appui, en marchant (mécanique) ? Au repos, la nuit, le matin (dérouillage) ?
  • Pendant le sport ou plutôt après le sport, au repos?

4) Depuis quand ? Quelle est son évolution ?

Mieux décrire vos symptômes aide à orienter la prise en charge lors de la consultation.

Premiers gestes utiles (crise douloureuse)

Glacer correctement

10–15 minutes, 3–4 fois/jour, toujours avec un tissu protecteur entre la peau et la glace (risque de brûlure au contact direct). Poche de froid, petits pois congelés, ou genouillère avec packs de froid.

Genouillère : oui, souple et à votre taille !

Modèle en tissu élastique, ouverture rotulienne, non serrée. Elle ne doit pas bloquer le genou.

Portez-la si elle vous soulage.

Médicaments (toujours respecter avis et contre-indications)

  • Antalgiques simples : paracétamol 500 à la demande, toutes les 3-4 heures sans dépasser 6 par jour (3 g par 24H),
  • Antinflammatoire (AINS) (Ibuprofène 400 sans ordonnance)
    • En alternant avec le doliprane 500 ou en l'associant, en respectant les doses
  • Kétoprofène, si votre médecin vous l'a prescrit
    • Plutôt un le soir, après le repas,
    • Arrêt dès amélioration des douleurs
    • Une prise ponctuelle un soir peut suffire, si amélioration le lendemain.
    • A éviter en cas d’antécédents digestifs, (en parler avec votre médecin).
  • Adapter les prises à l’intensité de la douleur et à la gêne (boiterie).

Marcher « genou verrouillé »

Évitez de boiter genou fléchi. Marchez en bloquant votre genou en contractant le quadriceps («genou verrouillé») pour limiter la douleur, sécuriser l’appui, reposer le genou et entretenir le quadriceps.

Que faire si je boite ?

Exercices simples, tout de suite

  • Écrase-coussin (avec et sans coussin) : contractions isométriques du quadriceps (10 secondes), séries courtes et fréquentes +++.
  • L'écrase-coussin "sans coussin" peut être douloureux : traitez la douleur et accrochez vous; il faut arriver à verrouiller votre genou.

La douleur la plus fréquente

La douleur antérieure, péri-rotulienne, est la la plus fréquente des douleurs de genou. Elle apparait après un choc sur le genou ou surtout après un changement de rythme

  • Localisée autour de la rotule, ou sous la rotule,
  • Elle est liée au cartilage de la rotule,
  • Elle peut survenir à tout âge, et sur un cartilage normal ou abimé (chondropathies sur l'IRM).
  • L’intensité des douleurs est variable.

Le Diagnostic est clinique avant tout

  • Basé sur vos symptômes et l’examen clinique.
  • Imagerie (IRM) si la douleur traîne, pour Eliminer un autre problème (languette méniscale).
  • Notez que l’échographie du genou a peu d’intérêt pour le genou.

Traitement : jamais de chirurgie pour le syndrome rotulien

  • Associer antalgie + autorééducation.
  • Si insuffisant : avis médecin du sport ou rhumatologue près de chez vous (infiltration corticoïde pour crise, et/ou visco-supplémentation).

Une IRM peut découvrir une petite fissure méniscale banale sans rapport avec la douleur ; seules les lésions mobiles (languette/anse de seau) sont chirurgicales.

Autorééducation guidée

Objectifs

  • Reprendre le contrôle du genou, corriger la boiterie « fléchie » en verrouillant le genou, diminuer la douleur.
  • Renforcer le quadriceps, étirer les ischio-jambiers, améliorer l’endurance.

Étirements (quotidiens)

  • Ischio-jambiers (+++), mollets, chaîne antérieure (tendon quadricipital) selon tolérance.
  • Brève routine quotidienne : 1–3 minutes par groupe musculaire, sans forcer la douleur.

Renforcement doux

  • Isométrique du quadriceps : (écrase-coussin avec et sans coussin, 10 sec, à faire d'autant plus que le genou vous fait boiter. (100...200 par jour)
  • Proprioception simple (appui unipodal stable) quand la douleur diminue.

Cardio « rotule-friendly »

  • Vélo d’appartement assis, sans résistance ; progression graduelle (jamais en danseuse).
  • Natation : plutôt battements de crawl sans les bras;

Genouillère

Souvent mieux tolérée avec ouverture antérieure pour la rotule ; choisissez la bonne taille (confort avant tout).

À surveiller

Si la douleur persiste ou s’aggrave

  • Consultez un médecin du sport ou un rhumatologue pour examen clinique et imagerie ciblée à la recherche d'une autre cause.
  • Crise qui ne cède pas : avis médical pour adapter traitement, envisager infiltration (corticoïde) ou visco-supplémentation (médecin du sport ou rhumatologue).
  • Signes d’alerte (boiterie importante) : marcher le genou verrouillé

Recherche de la cause

SI la douleur ne s'améliore pas...

C'est volontairement que je mets ce paragraphe en fin de page : rien n'empêche de faire une IRM, mais il est important de s'occuper du genou sans en attendre le résultat...

Par contre, il est logique de consulter un spécialiste et de rechercher une cause, si les symptomes ne s'améliorent pas au bout de quelques jours avec les outils proposés.

Les causes fréquentes de douleur du genou

La douleur rotulienne (la plus fréquente)

Une languette méniscale

Rarement, le ménisque peut se rompre et une languette méniscale mobile peut entrainer une douleur à l'appui, soulagée par le repos, parfois nocturne, avec petit gonflement du genou

Première crise d'arthrose

La radio debout de face permet de déceler un pincement articulaire : c'est la définition de l'arthrose.

Une fracture de fatigue

Cela correspond à une overdose d'effort (un marathon par exemple) entrainant la souffrance de l'os (oedème osseux sur l'irm, sans vraie fracture sur la radio),

FAQ

Que faire immédiatement pour soulager ?

Glace protégée 10–15 min, genouillère souple, antalgiques adaptés, marcher genou verrouillé, exercices isométriques simples.

Dois-je arrêter tout sport ?

Non. Restez actif sans provoquer la douleur : vélo assis sans résistance, natation (crawl/dos), puis reprise progressive; essayez la genouillère.

La genouillère est-elle utile ?

Oui si elle soulage et ne bloque pas le genou. Modèle souple, ouverture rotulienne, bien ajustée.

IRM normale mais toujours mal à la rotule : est-ce grave ?

Non, le syndrome rotulien peut exister avec IRM normale. Le traitement est fonctionnel : antalgie + autorééducation.

Infiltrations (corticoides, acide hyaluronique, PRP) : quand y penser ?

En seconde intention, avec votre rhumatologue, si la douleur persiste malgré les mesures simples, s’il n’y a pas d’indication chirurgicale.