Indications : pour qui cette réparation est-elle envisageable ?
La réparation « sans greffe » n’est pas une technique universelle. Elle se discute surtout lorsque la rupture est récente et proximale (près de l’attache fémorale), avec un ligament de bonne qualité.
- Rupture récente (deux premières semaines après l'entorse).
- Rupture proximale (topographie favorable à un réattachement).
- Qualité du ligament suffisante (non effiloché, moignon réductible).
- Projet fonctionnel/sportif nécessitant une chirurgie (instabilité, dérobements, sport pivot).
Le choix peut être difficile : car s'il est intéressant de ne pas prélever de greffe, le risque est quand même de se faire opérer (arrêt de travail, rééducation longue identique) et d'être obligé de se faire réopérer par greffe dans un second temps... .
Comment se fait la réparation ?
L’intervention se fait le plus souvent sous arthroscopie (petites incisions). L’idée générale est d'attraper le ligament par des sutures, de le ramener vers son insertion, puis de le fixer.
Sutures + ancrage
Le ligament est saisi par des fils puis fixé au fémur par un système d’ancrage. Dans certains cas, on associe une augmentation (type « internal brace ») pour protéger la cicatrisation, surtout au début de la rééducation.
Approches « assistées »
Certaines techniques cherchent à favoriser la cicatrisation du ligament : association à l'utilisation de PRP par exemple.
Résultats : que peut-on attendre ?
Lorsque l’indication est bien posée, le but est un genou stable, qui permettra une reprise progressive des activités. Les résultats rapportés dans la littérature sont globalement encourageants chez des patients très sélectionnés, mais il existe une variabilité selon les techniques.
- Fonction : amélioration des scores et de la confiance du genou chez de nombreux patients.
- Stabilité : souvent améliorée, mais dépendante du type de rupture et du protocole.
- Risque d’échec : non nul (instabilité persistante / re-rupture), plus élevé que la reconstruction.
En cas d’échec, une reconstruction par greffe peut être réalisée secondairement.
Suites et rééducation : à prendre au sérieux
La réparation vise à permettre une cicatrisation du ligament, ce qui demande du temps. La rééducation est progressive et guidée par la douleur, le gonflement, la force et le contrôle.
- Priorité au début : extension complète, contrôle du gonflement, marche.
- Puis : renforcement et proprioception progressifs.
- Reprise du sport : par étapes et selon des critères fonctionnels (tests isocinétiques), pas uniquement une date.
Questions fréquentes
Est-ce que « sans greffe » veut dire « récupération plus rapide » ?
Pas forcément ! L’absence de prélèvement de tendon peut réduire certaines douleurs, mais la cicatrisation d’un LCA réparé reste un processus long. La reprise des sports pivot doit rester progressive et encadrée.
Peut-on proposer cette réparation à tous les sportifs ?
Non. Le facteur principal est le type de rupture (proximale, récente) et la qualité du ligament. Pour de nombreux sportifs, la reconstruction par greffe reste la stratégie la plus robuste.
Si la réparation échoue, est-ce grave ?
C’est frustrant, mais pas « sans solution ». Une reconstruction par greffe peut être réalisée secondairement pour retrouver un genou stable.
Références
- Murray MM, et al. Bridge-Enhanced Anterior Cruciate Ligament Repair Is Not Inferior to Autograft ACL Reconstruction at 2 Years. Am J Sports Med. 2020. PubMed
- DiFelice GS, et al. Clinical Outcomes of Arthroscopic Primary Repair of Proximal ACL Tears (suture anchors). Arthroscopy. 2018. PubMed
- Essais comparatifs de techniques de réparation/augmentation versus reconstruction (selon indications). Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2020. PubMed
- Henle P, et al. ACL repair with dynamic intraligamentary stabilization (DIS): survie à moyen terme (≥5 ans). Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2025. PubMed