Infection sur prothèse de genou
L’infection est une complication rare mais sérieuse après la pose d’une prothèse de genou. Un diagnostic précoce et un traitement coordonné entre chirurgien et infectiologue sont essentiels pour préserver au mieux la fonction du genou et la qualité de vie.
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Page revue le 4 décembre 2025
Rédigé par le
docteur J. E. Perraudin,
Chirurgien orthopédiste
L'infection cutanée ou articulaire est un risque réel et tous les moyens sont mis en œuvre pour en éviter la survenue, en sachant que le risque zéro n'existe pas.
Si une infection survient, il est essentiel que son diagnostic soit fait rapidement et avant tout traitement antibiotique. Il est donc très important de tenir votre chirurgien au courant de tout incident (fièvre, problème cutané, écoulement, etc.).
Quand doit-on évoquer une infection sur prothèse de genou ?
Genou douloureux ou pas, cicatrice inflammatoire ou suintante, raideur, fièvre ou non : dès que la possibilité d'une infection post-opératoire du genou se pose, il faut commencer les investigations.[1]
Certes les douleurs post-opératoires sont logiques, et tout est d'ailleurs fait pour qu'elles soient les plus acceptables possible, mais il ne faut pas hésiter à prévenir votre chirurgien si les douleurs ré-apparaissent ou s’aggravent quelques semaines après l'opération.
Un diagnostic le plus rapide possible
La biologie
La biologie est précieuse, permettant d'évaluer la progression ou non de certains paramètres (globules blancs, polynucléaires neutrophiles, vitesse de sédimentation (VS) et protéine C réactive (CRP)). Leur augmentation va dans le sens d'une infection probable et nécessite d'aller plus loin.
La ponction du genou
La ponction du genou peut se faire en consultation et permet, le plus souvent, d'envoyer du liquide au laboratoire, qui confirmera ou non le diagnostic. Cette ponction peut se faire lors d'une arthrographie en radiologie, qui permet aussi de visualiser un éventuel descellement surajouté.
Actuellement, je la fais réaliser dans un laboratoire de bactériologie spécialisé et reconnu, à l'hôpital de la Croix Saint-Simon.
Le traitement de l’infection
Lavage chirurgical
Le lavage chirurgical du genou en salle d'opération est effectué en même temps que de nouveaux prélèvements à visée bactériologique (synoviale et fragments osseux), et toujours avant tout traitement antibiotique [2].
Il consiste à ouvrir le genou et, d'abord, à pratiquer une synovectomie, c'est-à-dire enlever le tissu qui tapisse la poche articulaire. Les implants (pièces métalliques tibiale, fémorale et insert en polyéthylène) sont enlevés et changés le plus souvent dans le même temps.
Parfois, ils sont enlevés seulement et un “spacer” en ciment est posé pour maintenir l'écart entre les deux os, en attendant une nouvelle reprise chirurgicale quelques semaines plus tard, où le spacer sera enlevé et une nouvelle prothèse posée. La reprise peut donc se faire en un temps ou deux temps, selon la situation.
Antibiothérapie
Antibiothérapie de première intention
Une antibiothérapie d'attaque polyvalente (active sur l'ensemble des germes que l'on peut retrouver dans un genou infecté) est mise en place dès les prélèvements réalisés au bloc opératoire[3].
Antibiothérapie adaptée aux résultats des prélèvements
Le laboratoire isole le ou les germes (parfois 3 ou 4), puis teste l'efficacité des différents antibiotiques sur chacun de ces germes, ainsi que celle de certaines associations d'antibiotiques : le résultat s'appelle l’antibiogramme.
À partir de ce dernier, les bactériologues proposent un traitement associant plusieurs antibiotiques, en précisant la dose, la durée (souvent au moins 6 semaines) et la voie d'administration (le plus souvent intra-veineuse, pour les premières semaines).
L'évolution est surveillée sur l'état clinique et les constantes biologiques (NFS, VS, CRP) dont la diminution est rassurante. De nouvelles opérations peuvent être nécessaires en fonction de l'évolution.
Importance de la collaboration entre chirurgien et infectiologue
L'infection articulaire doit être prise en charge conjointement par le chirurgien et l'infectiologue. Parfois, le ou la patient(e) est hospitalisé(e) en chirurgie dans un hôpital spécialisé, le temps de la phase initiale du traitement.
Références
-
Osmon DR, Berbari EF, Berendt AR, et al.
Diagnosis and management of prosthetic joint infection:
clinical practice guidelines by the Infectious Diseases Society of America.
Clin Infect Dis. 2013;56(1):e1–e25.
DOI : 10.1093/cid/cis803 — PubMed : 23223583 ↩ Retour au texte -
Zimmerli W, Trampuz A, Ochsner PE.
Prosthetic-joint infections.
N Engl J Med. 2004;351:1645–1654.
DOI : 10.1056/NEJMra040181 — PubMed : 15483283 ↩ Retour au texte -
Tande AJ, Patel R.
Prosthetic joint infection.
N Engl J Med. 2014;370:2515–2524.
DOI : 10.1056/NEJMra1316069 — PubMed : 24963573 ↩ Retour au texte