La qualité actuelle des résultats des prothèses du genou est dûe à l'amélioration des techniques de pose, et à une meilleure gestion du post-opératoire (douleur et kinésithérapie). Mais une prothèse de genou, aussi performante soit-elle, ne permet pas de retrouver l'articulation que l'on avait à 20 ans.
Voyons donc les résultats publiés des prothèses habituellement posées.
Les études statistiques montrent qu'au bout de 25 ans, 82,3% des prothèses totales sont toujours en place. C'est le résultat d'une étude publiée dans The Lancet sur les registres de chirurgie regroupant 299291 PTG. La survie des prothèses unicompartimentales (7714) interne ou externe montrent une survie moindre de 69,8%. Toutes les prothèses ne tiennent donc pas indéfiniment mais un changement est possible dans de bonnes conditions techniques.
Ce taux de survie reste une statistique à long terme, qui permet de se faire une idée générale de la durée de vie d'une prothèse.
Le taux de satisfaction des patients est plus intéressant : les résultats fonctionnels sont excellents (prothèse standard) dans 80% des cas : ils se jugent sur les douleurs, la mobilité du genou et la qualité de la marche, la montée et la descente des escaliers, la possibilité de se relever d'une chaise...
Ces résultats se basent sur la mobilité, les résultats de scores fonctionnels et des résultats radiologiques.
La prothèse du genou est efficace
L'efficacité de la pose d'une prothèse du genou dans le traitement de l'arthrose ne fait plus de doute depuis la publication d'une étude prospective randomisée en 2015, la comparant au traitement médical après 12 mois.
A randomized, controlled trial of total knee replacement.
Skou ST, Roos EM, Laursen MB, et al. N Engl J Med 2015;373:1597‑606.
Résultats excellents dans plus de 80%...
Les résultats fonctionnels sont excellents dans 80% des cas mais 20% d'entre eux restent insatisfaits : cette insatisfaction est liée le plus souvent à des attentes pré-opératoires non comblées. Il est donc très important de savoir ce que vous pouvez attendre de l'intervention.
Les douleurs
Le but premier d'une prothèse est en effet de soulager la douleur, c'est la raison habituelle de la décision de l'opération. Si 80-90% des patients sont satisfaits, certains gardent des douleurs. Dans 60% des cas, on obtient une disparition complète des douleurs, dans 30% elles existent, mais de façon épisodique, souvent aux changements de temps, modérées, ne nécessitant aucun traitement antalgique. Enfin dans 10% des patients gardent des douleurs modérées à sévères à deux ans sans variation notable à 5 ans.
L'attente pré-opératoire est importante dans le résultat final pour les douleurs : dans une autre étude prospective sur 112 patients, 85% des patients s'attendaient à un soulagement complet de leurs douleurs; seuls 43% d'entre eux déclaraient avoir atteint cet objectif.
The role of patient expectations in predicting outcome after total knee arthroplasty.
Mannion AF, Kampfen S, Munzinger U, Kramers-de Quervain I. Arthritis Res Ther 2009;11:R139.
La mobilité
Si la prothèse du genou soulage, elle permet aussi de récupérer une meilleure mobilité du genou : les différentes publications montrent une récupération d'une flexion moyenne de l'ordre de 110-120°. Mais en général, l'objectif doit être de retrouver au moins la flexion qui était possible pour ce genou en préopératoire.
Les activités de la vie quotidienne
Soulagement des douleurs et récupération d'une bonne mobilité permettent la reprise d'une marche correcte, sans cannes, avec net allongement du périmètre de marche.
Les activités les plus difficiles à récupérer sont la montée et descente des escaliers (40%), entrer et sortir d'une voiture, se mettre à genoux (15-20%), ramasser un objet à terre. Il semble que l'incapacité préopératoire à faire tel ou tel geste soit un facteur limitant pour réussir à bien le faire après l'opération; mais cela ne doit pas empêcher de le travailler avant et après l'intervention.
L'activité professionnelle
La reprise du travail dépend évidemment du type de travail, de la motivation et de l'âge du patient. Environ 50% des patients entre 50 et 60 ans le reprennent.
Les activités sportives
Pour les patients qui les pratiquaient avant l'opération, dans la majorité des cas, la PTG autorise la reprise progressive d'activités sportives de "faible impact" (marche, randonnée, natation, vélo, golf) quelques mois après l'opération.
Les skieurs pourront essayer de reprendre, en se protègeant avec une attelle ligamentaire, 6 à 8 mois après l'opération.
Facteurs diminuant les chances de réussite
Etre en surpoids
C'est un facteur de risque de complication et d'usure prématurée de la prothèse du genou.
Autant il me parait difficile de demander à une personne agée de maigrir, autant il est très important pour les patients jeunes de se faire prendre en charge pour maigrir avant l'opération. Il semble illusoire de penser que l'on maigrira une fois opéré(e) : les statistiques montrent au contraire que la tendance après la pose de la prothèse n'est pas à la perte de poids.
Un diabète mal équilibré
Augmentation +++ des risques de complication infectieuse : il faut l'équilibrer d'abord.
Fumer augmente les risques de mauvaise cicatrisation.
Stopper la cigarette pendant au moins six semaines avant l'intervention et six semaines après. Peut-être en profiter pour se débarasser du tabac...